À l’image du subtil « zéro émission », qui nous invite à oublier que l’électricité ne tombe pas du ciel et qu’elle génère aussi son lot de pollutions, le discours sur la voiture électrique nous montre la belle face de la médaille, et oublie étrangement l’autre.
Voici un tour d’horizon de ces vertus de la voiture électrique qui s’avèrent être des tares quand on intègre toutes les omissions qui se cachent dans leur sillage.
LE MOTEUR ÉLECTRIQUE A UN BON RENDEMENT ? C’est oublier qu’avec l’électrique, il n’y a pas que le moteur qui a des déperditions. Il y en a toute une chaîne : la production d’électricité, son transport, le passage dans les batteries. Si on se contente du rendement du seul moteur, on peut annoncer jusqu’à 90 %. Si on cumule toute la chaîne de déperditions, on obtient au final 13 %. Ce qui fait qu’avec l’électricité actuelle, une voiture électrique consomme une fois et demi plus d’énergie primaire que son homologue thermique. (suite…)
LA VOITURE ÉLECTRIQUE RÉCUPÈRE L’ÉNERGIE DU FREINAGE ? C’est oublier qu’on l’a largement lestée de batteries, qui amènent une surconsommation. Le surpoids des batteries, même pondéré par la récupération d’énergie au freinage, amène une surconsommation de 35 %. Ce que l’on récupère d’un côté, on en a perdu cinq fois plus l’autre. C’est ce qu’on peut appeler une lourde omission. (suite…)
LES BATTERIES DES VOITURES ÉLECTRIQUES VONT PERMETTRE DE STOCKER L’ÉNERGIE SOLAIRE ? C’est oublier qu’il est bien compliqué de recharger dans la journée, quand on est en déplacement. Cela demanderait des bornes de recharge généralisées, ce qui serait très cher et complexe. Et la plupart des voitures électriques se rechargeront tranquillement la nuit. La voiture électrique solaire est une illusion. (suite…)
LA VOITURE ÉLECTRIQUE ÉMET PEU DE CO2 ? Un oubli peut en cacher un autre. On a su nous répéter que l’électricité nucléaire émettait peu de co2, en oubliant beaucoup des coûts et des revers de cette énergie, qui la remettraient à la place d’une énergie qui n’aurait jamais dû exister. L’autre oubli c’est que le bilan co2 de la fabrication d’une voiture électrique est bien pire que celui d’une voiture classique, à cause des batteries. Une voiture électrique qui roulerait avec de l’électricité provenant d’une centrale à biomasse, autre fausse solution subventionnée pour ses avantages co2, émettrait deux fois plus de co2 qu’une voiture diesel, à l’usage comme à la fabrication. Est-ce que ce monde est sérieux ? (suite…)
LA VOITURE ÉLECTRIQUE EST ÉCONOMIQUE À L’USAGE ? C’est oublier que les carburants routiers sont soumis à une taxe, la TICPE, censée contribuer au financement du réseau routier. Ainsi c’est l’usager des routes qui paie les routes. Rouler à l’électrique, c’est aussi économique que rouler au fioul domestique : parce que en échappant à cette taxe, on laisse à la collectivité le soin de payer les routes.
LA VOITURE ÉLECTRIQUE VA DÉPOLLUER LES VILLES ? c’est là deux oublis assortis deux pas jolies attitudes nimby (Not In My BackYard, « pas chez moi »).
Comme l’électricité ne tombe pas du ciel, sa production va générer des pollutions ailleurs.
Les batteries ne tombent pas du ciel non plus (et heureusement!), et leur fabrication génère des pollutions, ailleurs elles aussi.
Les voitures électriques émettent aussi des microparticules à l’usage, à travers l’usure de leurs pneus et de leurs plaquettes de freins. Et cela d’autant plus que ce sont des véhicules alourdis par leurs batteries.
Surtout le vrai problème des voitures en ville vient de leur poids et de leur encombrement. Leur poids en fait des véhicules excessivement polluants, leur encombrement génère les bouchons, les problèmes de stationnement. Le cumul des deux génère le danger, avec des véhicules excessivement gros, lourds et rapides.
Transposer le même schéma de transport en changeant l’énergie ne résout rien, si ce n’est retarder l’évolution vers les véhicules dont nous aurions réellement besoin : des ULM terrestres. Lentement mais sûrement, nos voitures et même nos transports en commun sont devenus des monstres de ferraille et il est grand temps d’en prendre conscience.
« L’automobilité » peut, et devrait, être ultralégère.