2021, une année riche d’actualité et de rebondissements pour ce tricycle !
La version 2 roule enfin, in extremis cette fin d’année après bien des essais infructueux.
Cela dit, autant vous mettre au parfum de suite : elle roule bien, très bien, malgré encore beaucoup de mise au point à faire.
Avant de vous raconter cette épopée (en essayant d’être bref,rassurez vous…) j’aimerais commencer par une autre évolution assez essentielle dans l’esprit du projet :
LA CARROSSERIE
Mettre du confort dans un engin léger n’est pas chose aisée, surtout s’il penche dans les virages. Il faut pouvoir mettre les pieds au sol, il faut limiter la prise au vent latéral. Du coup la protection classique de ce type d’engin est le « scooter du livreur » perpétuellement revisitée. Un pare brise, un toit, des côtés ouverts.
J’ai essayé sur le tricycle, en 2016.
Ça ne me convenait pas. La protection pluie est insuffisante surtout s’il y a du vent, la prise au vent reste importante à cause de la hauteur. Et la visibilité est déplorable notamment de nuit sous la pluie avec les phares des voitures en face, où c’est carrément dangereux.
Alors j’en suis venu à ce capot permanent sur les jambes, avec une partie amovible au dessus du corps. Cette partie était en mousse, et passablement délabrée.
La voici en cours de réfaction avec des plaques de plastique issues de bidons de bière jetables.
Puis j’ai eu envie d’un peu plus de protection pour mes pieds, alors j’ai « dessiné » une forme enveloppante avec un treillage de bandelettes d’alu, faciles à conformer.
Ensuite vient l’habillage de ce treillage avec du plastique, du polypropylène alvéolaire pour être précis. C’est un genre de carton ondulé en plastique, cette matière est utilisée comme protection dans des emballages sur palettes et donc se trouve dans les poubelles, ai-je besoin de préciser.
C’est à la fois rigide et conformable à souhait, parfait pour cet usage expérimental temporaire.
Et voici votre serviteur protégé intégralement de la pluie (si je déplie le petit « cockpit » au dessus de ma tête) et bien efficacement du froid sur le corps, avec le saute-vent qui envoie partiellement l’air au dessus de la tête sans gêner la visibilité. Ce saute vent est perfectible, la protection du froid sur les mains est à améliorer. À cela rien d’impossible et dores et déjà la protection a satisfait le cahier des charges du début, à savoir quelque chose d’efficace, modulable été/hiver et toujours disponible.
Cette protection qui semble profilée façon vélomobile est malheureusement bien peu aérodynamique, l’engin consomme sensiblement plus s’il y a du vent de face. J’espère progresser sur ce point important en redessinant un ensemble avant/arrière avec moins de discontinuité.
Tout est à refaire, mais le principe est le bon. Cela sera pour le deuxième châssis aux dimensions sensiblement différentes. Et voici la transition faite vers l’épopée de l’année.
LE NOUVEAU CHÂSSIS
Vous en étiez resté.e.s à une fabrication en bambou.
Voici le premier essai, sur un bras de suspension.
Tout est ajusté, en place, prêt à être enrubanné de résine.
Et voici le résultat de l’encollage.
Très léger, mais beaucoup de boulot pour un résultat peu présentable qui demanderait encore beaucoup de temps de finition.
Premier revirement, j’abandonne le bambou pour repasser à la version en tubes acier.
Le châssis tout en tubes droits ça a été de la tarte, à part le perçage des tubes transversaux j’ai eu l’impression d’acheter l’ensemble en kit.
Les tubes de 18 mm s’insèrent dans les trous des tubes transversaux, ce qui donne une grande tolérance à l’ajustement.
L’ensemble est fait de tubes et de pièces découpées pile poil au laser, le tout se monte en un clin d’œil sur le support « fait pour ». La fabrication du support a été de très loin la plus longue étape.
Restent les bras de suspension, eux sont prévus en tubes cintrés et ça a été nettement plus long à faire.
Devant la difficulté de trouver quelqu’un qui puisse cintrer ces tubes spéciaux, je choisis de me faire une cintreuse en achetant une « forme de cintrage » avec ses accessoires et en construisant l’ossature qui va autour.
Oups, en effet c’est pas si évident de cintrer du tube de 1mm d’épaisseur.
Finalement, avec des bouchons bien bloqués et du sable compressé entre, les cintrages sont devenus corrects. Le cintrage reste une opération délicate, imprécise et qui demande beaucoup de préparation.
Vient l’heure de la soudure, là j’ai fait faire parce que c’est un sacré savoir faire. Et je suis admiratif de la compétence de ces artistes du poste à souder !
Et voici l’ensemble soudé avant peinture. Ça prend forme !
Le bras de suspension arrière je le tente quand même en bambou, peut être par envie de me compliquer la vie, mais aussi un peu pour avoir des réglages multiples, ce que je n’avais pas prévu sur la version en acier.
Après moult enrubannages, masticages, ponçages et peinturlurages, voici une pièce légère, présentable, rigide et solide… enfin je l’espère pour ce dernier point.
L’heure de l’assemblage, avec le dépouillement d’un châssis pour équiper l’autre.
La comparaison des deux châssis : les dimensions sont très semblables, excepté l’assise 10 cm plus haute. L’architecture est par contre radicalement différente.
Et le voici presque prêt à rouler… sauf que la partie avant s’est montrée cruellement pas assez rigide, et avec mon seul poids il se déformait. Ce châssis n’a donc pas pu rouler du tout !
Qu’à cela ne tienne, en le montant il m’est venu d’autres solutions, notamment pour échapper à ces délicats cintrages. Je redessine toute la partie avant, en modifiant la cinématique pour pouvoir caser des renforts et surtout en faisant des bras de suspension en caissons de tôle pliée/soudée qui seront incomparablement plus rigides.
Contrairement aux apparences, la nouvelle version est bien plus facile à faire, sera beaucoup plus rigide… et une fois et demi plus lourde (1,2 kg contre 0,5 kg).
Je mets la course à la légèreté en attente pour l’instant, la leçon de l’échec c’est que cet engin n’a pas vocation à être une machine de record. Il doit d’abord être fonctionnel et agréable au quotidien, ce qui suppose de ne pas faire de concessions à la fiabilité et à la rigidité. Et c’est libérateur dans la conception, je commençais à devenir poids-rano.
Et nous voilà prêts pour un deuxième tour.
La partie avant se montre maintenant bien rigide, par contre, à l’arrêt, je constate encore d’autres grosses lacunes de rigidité. Décidément je suis bien mauvais pour anticiper les efforts.
L’accouplement des roues est mollasson, le parallélisme est approximatif. Et la butée d’inclinaison que j’avais pourtant bien renforcée est encore trop faiblarde.
La mort dans l’âme, je tente quand même quelques tours de roue… et le résultat est aussi surprenant qu’inespéré : la direction est malgré tout assez précise, l’engin s’avère suffisamment stable, très maniable, et surtout ultra confortable grâce aux grand débattements de suspension. Magique ! Je reviens de loin.
Le « berlingot » en tôle pliée c’est le balancier de suspension,
le « demi camembert » c’est le palonnier qui permet l’inclinaison.
Les deux pièces s’assemblent et fonctionnent en étroite collaboration.
Quand le demi camembert tourne, le véhicule s’incline.
Quand le berlingot balance, la suspension encaisse ce que les fesses n’ont pas à encaisser.
En bloquant la rotation du demi camembert par rapport au berlingot, le véhicule ne peut plus s’incliner alors que la suspension fonctionne encore.
C’est ce blocage qui offre beaucoup de possibilités d’aide à la conduite, possibilités potentielles. Parce que tant que ce n’est pas au point, je ne peux rien promettre. Les efforts sur ces pièces sont très importants, et ce que je souhaite complique beaucoup la réalisation.
En attendant, Damien nous montre quel est le principal intérêt de cette architecture si complexe. Les pieds en appui sur les repose pieds des bras de suspension, il est possible de maîtriser l’équilibre à l’arrêt, en roulant tout doucement, ou pourquoi pas tout le temps. C’est la position de pieds qui permet de défier les tempêtes de vent, d’affronter la neige, c’est la position qui permet d’assurer sa trajectoire quand il faut être précis. C’est aussi et surtout la position indispensable pour gérer l’équilibre à basse vitesse, donc dès qu’on s’arrête ou qu’on ralentit au carrefour. Le précédent châssis offrait cette possibilité, cette version donne un appui des pieds à la fois plus efficace et plus confortable.
Cela dit, tant que le verrouillage de l’inclinaison n’est pas au point, l’engin pêche toujours par une prise en main rebutante.
Le « cockpit » déplié, avec la petite fenêtre au niveau des yeux pour garder une bonne visibilité.
En conclusion, c’est comme d’habitude : ce n’est pas fini, il y a encore bien du chemin à faire. Heureusement, le chemin fait en roulant sera dorénavant bien plus confortable qu’avant !