Primo :
j’ai bien conscience que j’ai beau ne plus rien brûler pour me déplacer, me chauffer, pour mon eau chaude, ma cuisine…. Je brûle d’une façon indirecte encore bien trop ! Les objets que j’achète ont englouti du combustible pour leur fabrication, leur transport. La nourriture que j’engloutis à mon tour n’est pas indemne non plus. En quelque sorte, je suis seulement végétarien de combustible, bien loin d’en être végan. Et les combustibles étant omniprésents, il est bien difficile de les éviter totalement.
Pourtant l’arrêt des combustibles serait tout à fait possible : tout est réalisable avec du soleil. Le soleil sait faire de la chaleur à merveille. C’est d’ailleurs en concentrant les rayons du soleil que l’on obtient les températures les plus élevées sur cette terre. Le soleil peut fondre les métaux, voire… faire des photopiles, elles qui demandent tant de chaleur ! Et grâce à ces photopiles, le soleil peut faire directement de l’électricité, la fée qui sait tout faire.
Donc, techniquement, c’est possible. Évidemment, dans ce monde régi par les lois impitoyables de l’économie, la conversion de l’industrie au solaire ressemble aujourd’hui à une douce farce. On en reparlera quand les combustibles coûteront les prix qu’ils devraient coûter.
Ensuite, ou plutôt primo ex aequo :
Non, la vie zéro combustible ce n’est pas manger froid, se doucher seulement trois fois dans l’hiver… Bien sûr, je vous présente sur ce site un univers qui va vous sembler en bien des points compliqué et rudimentaire, qui s’éloigne du monde presse-bouton et tourne-robinet que l’on nous concocte depuis des décennies. Je n’ai ni la capacité, ni la prétention de refaire cet univers à l’identique, par contre je peux dire que dès aujourd’hui j’ai tout l’essentiel de ce que procurent les combustibles, sans sensation de manque. Sur ce dernier point, il faut reconnaître que j’ai une telle aversion pour notre légèreté à brûler tout et n’importe quoi que j’arrête certains luxes de la vie moderne avec plus de joie que de regrets. Indignez vous, disait Stéphane Hessel, c’est pas plus compliqué.
Et puis quoi qu’on en dise, le soleil est globalement très généreux. À l’exception de quelques périodes de disette, la vie solaire est plutôt sous le signe de l’abondance.
Donc l’essentiel du chemin à faire se trouve dans ces mots : la gestion de la disette. Un art qui permettrait de vaincre cette peur de la pénurie, cette peur qui fait craindre et critiquer le solaire, cette peur qui empêche d’entendre que les bioénergies où l’énergie nucléaire sont si nuisibles. Critiquer ces énergies faciles et abordables c’est suggérer leur arrêt, et cela éveille une crainte irrépressible d’entrer dans un monde de privations.
Là encore, même pour les adeptes inconditionnels de combustibles de tous poils, l’acceptation se fera toute seule : c’est la pénurie qui décidera. La pénurie, on sait mathématiquement qu’elle y sera, la seule incertitude c’est quand. À tous, je vous souhaite que votre génération passe à travers maille… encore que parfois j’aimerais pouvoir vivre assez vieux rien que pour voir ça.
Ainsi j’ai parfois l’impression de chercher à vivre dans un film de science fiction, et d’avoir à refaire intégralement le décor. À un détail près : le décor doit fonctionner, il n’est pas là juste pour le décor.
Et ça, c’est nettement plus compliqué. Bon, Rome ne s’est pas faite en un jour.
Heureusement en chemin je me rends compte joyeusement que je suis loin d’être seul à chercher des solutions. Figurez vous que beaucoup de solutions existent déjà… et que beaucoup de farfelus dans mon genre existent aussi.